Dia de los muertos ! Direction le Mexique !

Dia de los muertos ! Direction le Mexique !

Tout comme pour les pirates, la tête de mort est belle est bien l’un des symboles du folklore mexicain, mais ça, vous le saviez sûrement déjà.

En revanche, savez-vous pourquoi et quelle en est l’histoire ?

Origines du Dia de los muertos

Impossible de ne pas parler de la célèbre tradition mexicaine du Dia de los muertos (pour les non-hispanophile ou bilingue = le jour des morts).

La plus grosse erreur serait d’assimiler cette tradition à Halloween. Elle se déroule dans une temporalité proche certes, mais elles sont bien différentes, ne vous méprenez pas !

À Halloween, en s’amusant on cherche à faire peur et à se faire peur soi-même, à travers des soirées films d’horreur, des déguisements par exemple. L’univers est plutôt sombre, sanglant, disons-le flippant (et on adore ça d’ailleurs). On est très loin de tout cela avec la Dia de los muertos ! Ce n’est ni le même registre, ni la même signification, ni les mêmes intentions !

Sachez d’abord que cette tradition mexicaine se fête tout de même depuis plus de 3 000 ans au Mexique ! Non, ce n’est pas rien et ça ne date donc pas d’hier. Pour info, sachez que La Dia de los muertos vient puiser ses origines dans les traditions catholiques et aztèques, donc d’un mélange de différentes croyances et cultures.

Flash-back historique

Petit flash-back : Chez les populations indigènes mésoaméricaines (Mayas, Aztèques… ) il y a 3 000 ans naissait donc les premières traces de la célébration des morts. À cette époque très lointaine, au moins 6 fois dans l’année, ils rendaient hommage, à travers différents rituels, à leurs défunts et honoraient également la déesse de la Mort nommée Mictecacíhuatl (=la reine de l’inframonde). À cette époque, la mort n’était pas crainte, ou du moins beaucoup moins qu’aujourd’hui, pourquoi ? Notamment parce que la vie après la mort était une croyance très répandue au sein de ces peuples, et finalement mourir n’est qu’une simple « étape » entre la vie sur terre et le monde des morts. À cette époque, la mort donnait lieu, tout comme aujourd’hui, à des enterrements durant lesquels des offrandes étaient faites notamment sous forme de crânes conservés à l’image de « trophées » et qui viennent rappeler la mort. D’autres offrandes pouvaient être déposées comme des objets qui appartenaient au défunt et dont (d’après eux) il pourrait avoir besoin lors de son voyage de « l’autre côté ». Chez les populations pré-hispaniques, les notions de paradis et d’enfer n’existaient pas, disons que c’est plutôt la façon dont vous mouriez qui définissait l’endroit où vous atterrissiez (par exemple pour les décès naturels, direction Mictlán).

La Dia de los muertos va évoluer avec l’arrivée des Espagnols sur le territoire américain au XVIème siècle, et la colonisation des populations locales avec l’influence donc de la culture et des traditions européennes chrétiennes. De fait de cette influence, quelques changements sont notables : la date des festivités va s’aligner sur celle de la Toussaint, la croyance de la mort et la vie s’impose, et les objets symboliques comme les croix apparaissent. Le christianisme va donc prendre une vraie place, de fait naturellement les traditions issues de la religion chrétienne occidentale et les rituels indigènes vont d’une certaine manière « fusionner » pour donner place à la fête que nous connaissons actuellement. Fin du flash-back !

Une fête joyeuse et populaire

C’est donc une fête bien ancrée qui vit et perdure depuis des générations. La Dia de los muertos est donc devenue avec le temps une fête à la fois très populaire, incontournable et très chère à la culture latino-américaine, et tout particulièrement au Mexique. Elle est d’ailleurs inscrite au Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité de l’UNESCO, depuis 2008.

Durant cette fête, on honore ses défunts et leur mémoire durant 3 jours, le 31 octobre, le 1er et le 2 novembre. Durant ces 3 journées, les âmes des proches disparus reviennent sur terre pour rendre visite à leurs proches. (Ce que je trouve personnellement très poétique).

Une célébration en couleurs

Dans la culture occidentale, lorsque l’on rend hommage à nos défunts, nous le faisons plutôt de manière discrète, dans la pudeur, souvent même le silence, et la tristesse. (C’est bien connu, le rapport à la mort diffère beaucoup des cultures, je pense notamment à la culture japonaise où le deuil se porte plutôt en blanc). La Dia de los muertos est caractérisée par la joie, par la musique, par des profusions de couleurs. Dans cette belle ambiance chaleureuse, lumineuse et festive, les familles viennent manifester seules ou ensemble, à la fois l’amour et le respect qu’ils ont envers les membres de la famille qui ne sont désormais plus parmi eux.

Les familles érigent des autels décorés, ils dansent, chantent, organisent parfois des défilés, et réalisent des offrandes à leurs proches disparus comme des objets personnels, de l’encens, des fleurs, les plats préférés du défunt sont disposés autour de l’autel familial, ces offrandes peuvent être également sous forme de pain des morts, de photos des défunts, de “papel picado” (= papier découpé), le sel, l’eau, la tequila et le mezcal…

Les familles pendant ces 3 jours se rendent ainsi dans les cimetières, c’est LE LIEU où se déroulent les festivités, ils y allument des bougies puis répandent, disposent des pétales de fleurs de telle sorte que les âmes des morts puissent trouver le chemin vers les tombes (encore une fois très poétique, je trouve). Les familles viennent également déposer des décorations typiques appelées “calaveras” sous forme de crânes comestibles constitués de chocolat ou de sucre, sur lesquels ils ont méticuleusement écrit le nom du défunt.

Le déroulement du Dia de los muertos

Lors de cette fête, les enfants défunts sont célébrés en premier, et ensuite c’est au tour des adultes. Les familles réalisent d’ailleurs des offrandes sous forme de nourriture à destination des enfants morts, les “angelitos” dans un premier temps, puis dans un second temps, c’est aux adultes défunts de venir manger ces offrandes.

Le dernier jour de festivité, soit le 2 novembre, il paraîtrait qu’au cours de cette journée, les familles viennent raccompagner les âmes des morts jusqu'aux cimetières, ils prennent le temps de leur dire au revoir, pour les retrouver l’année suivante, à cette même date, comme un rituel.

Les préparatifs de cette fête sont réalisés dans le plus grand soin par les proches, car il paraîtrait que dans l’imaginaire populaire, les défunts pourraient attirer aussi bien le bonheur que le malheur pour les proches en vie.

Une tradition qui s’exporte

Aujourd’hui, cette fête mexicaine est connue dans le monde du moins dans les grandes lignes et a gagné en popularité. Un peu partout, les têtes de mort mexicaines viennent décorer les tables d’Halloween, on retrouve notamment ces 3 dernières années lors des événements autour d’Halloween de nombreuses personnes qui se parent du maquillage “Sugar Skull”, ces célèbres calaveras.

Le film "Coco" et la reconnaissance culturelle

Et vous n’êtes sans doute pas passé à côté du film Coco que l’on doit aux studios Pixar, sorti en 2017, réalisé par Lee Unkrich et co-réalisé par Adrian Molina. Ce très beau film d’animation nous fait voyager, au côté de Miguel, un jeune garçon passionné par la musique, en plein cœur de la fête des morts, dans un univers riche en couleur et très festif. C’est un hommage, nous pourrions dire, à la tradition mexicaine du Dia de los muertos. À travers ce voyage extraordinaire, qui vient livrer un touchant message sur les proches disparus et leur souvenir.

Ce film a été adapté dans de nombreux pays d’Amérique et d’Europe. Le fait que les arts s’emparent, se nourrissent de traditions issues de différentes cultures participe à les mettre en lumière et à les faire connaître auprès d’un large public, enfant comme adulte, attisant ainsi leur curiosité pour en découvrir davantage.


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La Tête de Mort

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